Entretien avec Luc Gwiazdzinski, géographe au laboratoire PACTE/CNRS, et responsable de la formation Innovation et territoire (ITER).
Le mot du responsable : « Le leitmotiv de notre master Innovation et territoire est de former des professionnels et chercheurs en aménagement, développement local et urbanisme capables de répondre aux attentes des collectivités, des entreprises ou des associations qui cherchent à développer de compétences et à disposer dans leurs équipes de professionnels capables de s’adapter aux nouveaux enjeux, d’imaginer, hybrider, concevoir, créer et développer autrement et avec d’autres au-delà des
frontières disciplinaires.»
L’AFNEG, en étudiant vos plaquettes du master, a été interpellé par l’importance donné à l’innovation et la créativité dans la formation. Pouvez-vous nous expliquer par quel moyen ces compétences sont étudiées et quel est l’objectif de former des étudiants sur cette approche du territoire ?
L’innovation est au centre de notre approche tant sur la forme pédagogique (séminaires, jeux de rôles, ateliers, terrains en France et à l’étranger, co-production de démarches de recherche avec des partenaires) que sur des thématiques émergentes (temporalités, design des politiques publiques, post-tourisme, numérique, cartographie dynamique…) en lien avec des entreprises, collectivités ou associations. Elle permet à l’étudiant de construire pas à pas son projet personnel et de recherche.
Concernant la créativité, l’expérience montre que les collectivités, agences et associations ont besoin de professionnels capable d’imaginer et construire les politiques publiques de demain en lien avec les différents acteurs du territoire. Nous cherchons à faire en sorte que les étudiants deviennent autonomes, capables de prendre des initiatives et développer des projets et recherches avec des partenaires aux profils variés. Nous avons travaillé par exemple avec Annick Charlot de la Compagnie Acte autour d’ateliers géo-chorégraphiques qui permettent d’éprouver l’espace et le temps et d’ouvrir la réflexion sur les rythmes et les mobilités.
Le nombre d’intervenants que vous mentionnez est conséquent. Une cinquantaine sur les deux années du master. De quelle manière interviennent t’ils et dans quel contexte ? Il est prévu beaucoup de conférences mais aussi des projets et ateliers. Dans quelles UE précisément trouve t’on les ateliers et projets ?
Ils interviennent sous forme de cours, de séminaires, de conférences, de TD ou dans le cadre d’ateliers à l’université ou sur le terrain en France et à l’étranger. Cette année, l’UE « Temps et mobilité » a été organisé au Politecnico de Milan en Italie avec des interventions d’enseignants, chercheurs et professionnels locaux. Un atelier de l’imaginaire construit avec trois autres masters grenoblois et l’Hexagone-Scène Nationale de Meylan, a permis de mobiliser les enseignants et praticiens sur un chantier lié à l’imaginaire du circuit court.
Toutes les UE sont construites sur la même structure : des cours avec l’enseignant en charge de la formation, des interventions de chercheurs, enseignants et professionnels et un atelier sur un terrain et un thème choisis avec les partenaires. Les étudiants montent des ateliers, des conférences et même des colloques comme le colloque international TTT3 sur l’hybridation (mars 2012, Grenoble).
L’AFNEG encourage depuis toujours la participation des étudiants aux processus décisionnels de ses études. Demandez-vous dans votre cas, à vos étudiants leur avis sur leur formation ?
Des rendez-vous réguliers permettent d’échanger et de recaler les choses si nécessaire. Un bilan annuel est organisé. L’an dernier a permis d’augmenter la part des productions et évaluations personnelles et d’ajouter un atelier transversal tout au long de l’année en partenariat avec un acteur extérieur. Ainsi, cette année, les étudiants travaillent avec le Conseil général de l’Isère dans le cadre d’un projet « Temps et mobilité des personnes âgées et des jeunes ».
Le commentaire de l’AFNEG
La formation est audacieuse car elle choisit de regarder l’aménagement sous un angle assumé de l’innovation. Les capacités à innover des étudiants seraient misent en valeur grâce aux intervenants et aux ateliers. L’idée semble ingénieuse à condition que les différentes activités permettent à la fois d’acquérir des compétences opérationnelles tout en évitant de standardiser la pensée des étudiants.
Vu la jeunesse de la formation, elle n’a pas encore été évaluée par l’AERES (autorité administrative indépendante en charge de l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur et des formations) et ne dispose pas encore de données sur l’insertion professionnelle de ses étudiants. Il sera intéressant de voir comment les anciens élèves s’inséreront dans la vie active et dans ce milieu de la création urbaine. On pourra alors observer la valeur ajoutée de la formation et observer dans quelle mesure elle est innovante ou bien si elle s’inscrit simplement dans l’air du temps.
A noter également que le master ITER dispose d’un parcours international et d’un parcours tourisme. (voir les liens ci-dessous)
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