La santé et l’environnement sont à l’honneur pendant ce mois de novembre avec plusieurs actions et opérations d’envergure nationale. Parmi celles-ci il y a le Moi(s) Sans Tabac, une initiative du Ministère des Solidarités et de la Santé et Santé publique, en partenariat avec l’Assurance Maladie. Cette année avait lieu la 3ème édition. L’objectif est d’inciter les fumeurs.euses à arrêter leur consommation de tabac pendant un mois, sous la forme d’un défi collectif.
Les professionnels.les de santé comme des populations connaissent de mieux en mieux les impacts du tabagisme sur la santé. Certains sont en revanche bien moins connus : les impacts environnementaux. Pour l’édition 2018 du Moi(s) sans Tabac, l’AFNEG a souhaité réaliser une campagne de sensibilisation sur ces impacts, dans une démarche géographique. Tout en présentant les supports visuels réalisés, cet article aborde les principaux enjeux environnementaux liés à la production et la consommation de tabac dans le monde.
Les mégots de cigarette sont les déchets les plus communément abandonnés dans la nature. On estime que c’est le cas pour deux mégots sur trois. C’est en effet ce que révèlent les études portant sur les déchets recueillis lors des collectes : 30 à 40 % des déchets sont des mégots. Cigarettes entières, mégots, filtres, paquets… les produits de la consommation de tabac sont nombreux et polluent. L’Organisation Mondiale pour la Santé estime à 680 000 tonnes le poids total de la pollution liée au tabac.
Impacts sur les environnements terrestres et aquatiques
Les cigarettes contiennent de nombreuses particules plastiques et plus de 7000 substances toxiques difficiles à éliminer. Certaines ne seront peut être jamais éliminées. Selon cette même hypothèses, ces déchets pourraient continuer à déverser leurs produits chimiques pendant plus de 10 ans. Parmi ces produits chimiques on dénombre de la nicotine, mais également de l’éthylphénol et des métaux lourds. La grande majorité des cigarettes vendues aujourd’hui contient du l’acétate de cellulose, un plastique non biodégradable. On a alors démontré la toxicité des composants des cigarettes pour les environnements naturels.
Les écosystèmes aquatiques, notamment les littoraux et les cours d’eau sont particulièrement vulnérable. C’est par ailleurs là que se déposent une partie des déchets liés au tabac. Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau.
Les impacts de la production et la culture du tabac
En 2011, plus de 4 millions d’hectares de terres étaient dédiées à la culture du tabac. Si cela ne représentait que 1% des terres cultivables dans le monde, ce pourcentage a largement augmenté depuis. On estime qu’au moins 200 000 hectares s’ajoutent chaque année au total des terres dédiées au tabac. Cette hausse varie d’un pays à un autre, et est parfois significative comme en Chine, au Malawi ou en Tanzanie. Dans ces pays, le pourcentage de terres cultivables dédiées au tabac a doublé entre 1960 et 2015.
Les arbres font partie intégrante du cycle du carbone. En réduisant leur nombre la déforestation limite l’élimination du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. La confection des produits du tabac (cigarette, paquets, cartouches) et leur acheminement causent également de nombreuses émissions de gaz à effet de serre. Ceux causé par la seule consommation de tabac s’ajoutent à ce total déjà important.
La culture du tabac a de larges conséquences sur l’environnement. La déforestation va entrainer une diminution de la biodiversité mais une augmentation des émissions de gaz à effets de serre. Les engrais chimiques, régulateurs de croissance et pesticides sont utilisés en grande quantité. Cela détériore les sols et contamine également les ressources en eau.
Plusieurs travaux ont déjà été réalisés sur les impacts environnementaux du tabagisme. Des études supplémentaires sont cependant nécessaires pour quantifier et préciser ces impacts, notamment les risques pour les écosystèmes. Rappelons également que la culture du tabac impacte la santé des travailleurs.euses, impact lui aussi peu médiatisé. Les employé.e.s de la culture du tabac sont principalement des femmes et souvent des enfants. Dans le cas de familles travaillant dans ce domaine, 63% des enfants manquent l’école pour y travailler. Les enfants ont tendance à souvent manipuler les produits dangereux évoquées précédemment.
La consommation de tabac est donc bien plus qu’un problème de société pour les pays consommateurs. Il s’agit d’une problématique mondiale aux graves conséquences sanitaires, sociales et environnementales. Au-delà du Moi(s) sans tabac, il semble nécessaire de saisir des enjeux environnementaux et de les médiatiser plus largement.
Sources :
https://www.scielosp.org/scielo.php?pid=S0042-96862015001200877&script=sci_abstract&tlng=ar
https://link.springer.com/article/10.1007/s40572-014-0Dans 16-x
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/255562/WHO-NMH-PND-17.2-fre.pdf?sequence=1