La loi ALUR Duflot a été remplacée par la loi ALUR Pinel, du nom de l’actuelle ministre du Logement et de l’Égalité des territoires. La loi initiale (du 20 Février 2014) prévoyait notamment l’encadrement des montants des loyers à la location dans 28 agglomérations française. Il s’agissait d’appliquer dans ces zones un loyer dit « de référence » au mètre carré.
Par ce revirement, le président de la République a renié l’engagement n°22 de sa campagne électorale et sacrifié la « priorité jeunesse » qu’il s’était donné au moment de son élection. L’AFNEG – Association Fédérative Nationale des Étudiants en Géographie, Aménagement, Urbanisme et Environnement adhérente à la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE), 1ère organisation étudiante de France, avait lors du vote de la loi ALUR Duflot salué la disposition tout en réclamant qu’elle s’applique sur l’intégralité du territoire, et non pas seulement dans 28 agglomérations.
Aujourd’hui, cette loi est remise en cause. Alors que le coût d’une rentrée pour un étudiant a progressé de 1,5% par rapport à 2013 , le loyer compte toujours pour près de 50% en moyenne du budget mensuel d’un étudiant. (Les locations de petites surfaces, les plus prisées par les étudiants connaissent les plus fortes hausses de loyer ).
Cela fait peser des charges de moins en moins supportables sur un public de plus en plus précaire. La concurrence pour ces petites surfaces s’en trouve alors renforcée. Les étudiants sont en concurrence avec les jeunes travailleurs et les autres populations aux faibles revenus tels que les personnes âgées ou les demandeurs d’emplois. Sans l’application de loi ALUR Duflot cette situation a de fortes chances d’empirer au même titre que la bulle immobilière.
Depuis 2007, chose inédite, la part des étudiants issus des classes socio-professionnelles les plus défavorisées est en diminution constante, moins 5 % en 7 ans. Le constat est sans appel ; alors que l’université française doit aujourd’hui être l’outil de justice sociale permettant à chaque jeune de notre territoire d’avoir accès à un diplôme de qualité, la démocratisation marque le pas. L’ascenseur social est en panne. Les barrières d’accès à l’enseignement supérieur s’élèvent inexorablement, année après année, et en tête, la barrière financière écarte de plus en plus de jeunes de l’accès au diplôme.
Interlocuteur privilégié de la jeunesse, l’AFNEG partage les mêmes ambitions de développement local au service des populations. En tant que fédération des étudiants en géographie, aménagement, urbanisme et environnement, les questions urbaines telles que celles en matière de logements font parties de nos priorités pour les étudiants que nous représentons.
Aujourd’hui, la jeunesse a une exigence. C’est celle de pouvoir vivre, de se loger dans de bonnes conditions et de trouver un emploi. C’est ensemble qu’il nous faut agir pour relever le défit. L’objectif ? Permettre à chaque jeune d’intégrer l’enseignement supérieur. Plus qu’un enjeu économique ou politique, c’est un choix de société. Avec la majorité de leurs revenus consacrés au logement la jeunesse de France et du territoire aspire aux même droits que leurs aînés : un accès à un logement digne et abordable.
Ainsi, l’AFNEG enjoint, à l’instar des agglomérations Grenoble-Alpes Métropole, de Lille Métropole ou encore de Plaine Commune (Seine Saint-Denis), à manifester la volonté de toutes les agglomérations françaises auprès du 1er Ministre d’expérimenter l’encadrement des loyers. Favoriser l’accès au logement autonome, en particulier pour les jeunes, c’est agir en faveur de la justice sociale, mais c’est aussi permettre la relance de l’effort de démocratisation de notre enseignement supérieur, moteur de sortie de la crise que nous connaissons.
Les agglomérations ne doivent plus fermer les yeux sur la réalité à laquelle se confronte aujourd’hui la jeunesse. Celle ci attend des engagements forts en faveur d’une politique de logement ambitieuse et juste, qui se traduit par l’application de l’encadrement des loyers.