Semaine Olympique et Paralympique 2022 : Rendre les pratiques du sport plus responsables et durables ?

Les dérives du sport

Le sport est une pratique de toutes les sociétés et en représente donc les valeurs, les enjeux mais également les dérives malsaines. Ainsi, les Jeux Olympiques sont à la fois l’expression d’une solidarité et d’un partage international des valeurs sportives mais ils sont aussi, comme toutes les rencontres sportives de grandes envergures, des événements critiquables d’un point de vue écologique. 

En effet, la soutenabilité des infrastructures et de la logistique est peu compatible avec des événements ponctuels d’une aussi grande ampleur. Les activités et les spectacles sportifs ne sont pas accessibles à tout le monde, et engendrent des déplacements, hébergements et restauration nocifs pour l’environnement. Tout d’abord, il est évident que le transport des athlètes, de leurs équipes et du personnel présente toujours un coût environnemental important.

Rien qu’en terme de nourriture, une étude allemande de nu3 a montré que la consommation de saucisses pendant la Coupe du Monde de Football en Russie allait consommer 200 000 kg de C0² environ.

De nombreux déchets (souvent peu recyclables) sont générés par ces événements qui sont par ailleurs énergivores et gros consommateurs d’eau notamment pour la neige artificielle, l’entretien des golfs.

Dans certains événements, il est même nécessaire de construire de nouvelles infrastructures qui réduisent la perméabilité des sols et participent à l’urbanisation massive tout en étant difficile à intégrer par la suite dans la vie des pays et des villes. En plus de cette pollution massive et directe des territoires, les événements sportifs se retrouvent le plus souvent financés par des partenaires pour qui l’éthique et l’environnement ne sont pas les enjeux principaux. 

Pour les Jeux Olympiques d’été de Rio de 2016, un golf a ainsi été construit sur une zone naturelle protégée comprenant environ 300 espèces dont quelques spécimens en danger. Une loi municipale a ainsi permis de construire ce golf et par la même occasion a donné l’autorisation à un grand promoteur brésilien de construire 23 tours de 22 étages juste à côté du golf. Ainsi, les enjeux du sport sont imbriqués dans des stratégies économiques et politiques néfastes pour l’environnement et pour les populations.

Campo Olímpico de Golfe, na Barra da Tijuca, Renato Sette Camara/Prefeitura do Rio de Janeiro

Par ailleurs, les évènements s’organisent souvent aux dépens des populations locales et de leurs intérêts dans un modèle très vertical qui ne permet pas la transparence des prises de décisions, et favorisent des comportements discriminants et violents dans et autour des stades. En 2018, Human Rights Watch rapportait que des ouvriers de construction des stades russes pour la coupe du monde étaient victimes « d’abus et d’exploitation ». Sur le long terme, l’entretien des installations sportives a un impact important sur l’environnement et sont parfois abandonnées.

Ainsi, en janvier 2020, toutes les infrastructures des Jeux Olympiques de Rio de 2016 ont été fermées par la justice brésilienne pour des raisons de sécurité. Cela en dit long sur l’investissement sur le long terme et la durabilité des bâtiments quatre ans après. Les Jeux Olympiques organisés en Corée du Sud, à Pyeongchang en 2018, qui avaient coûté 800 millions de dollars sont aujourd’hui un véritable désert. L’objectif était de motiver la population à pratiquer des sports d’hiver mais il semble que ce n’est pas encore le cas. Une partie des bâtiments ne sont même plus accessibles pour éviter les coûts d’entretiens trop élevés.

Un télésiège à l'abandon dans la station laissée en friche d'Alps Ski Resort. REUTERS/Kim Hong-Ji

Par ailleurs, les organisateurs mettent de plus en plus en avant des programmes environnementaux dans les dossiers pour être candidats. Cependant, les objectifs sont rarement atteints. Vancouver devait être les premiers jeux “verts” en 2010 mais la neige ne tombe pas assez et doit être acheminée par des camions. Malgré un bon score avec 15% de CO2 de moins que les autres jeux, cette édition produit tout de même 268 000 tonnes de CO2. Pour les JO de 2016 à Rio, 24 millions de plants d’arbres devaient être plantés. Or, seulement 5,5 millions ont été mis en terre.

Les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 ont été l’occasion de mettre en avant un greenwashing important : lits en cartons, médailles en matériaux recyclés…mais également voyages en avions, urbanisation du littoral et utilisation illégale de bois tropicaux. A quand des événements sportifs vraiment engagés pour l’environnement ? Pas demain il semblerait…

Zoom sur la coupe du monde de football 2022 au Qatar

Exemple de ces dérives éthiques et écologiques du sport, on estime à plus de 6500 ouvriers morts depuis l’organisation de la coupe du monde débutée en 2012. 

Situé dans le désert, la consommation d’eau et l’alimentation des participants va peser problème sans compter sur les déplacements du monde entier pour voir ou participer à l’événement. De plus, les fortes chaleurs durant l’évènement seront compensées dans certains stades ouverts par d’énormes systèmes de climatisation, alors que l’énergie utilisée durant la coupe de monde proviendra pour l’essentiel des centrales thermiques du pays.

L’accueil de cette coupe du monde a également nécessité la construction de nombreuses infrastructures (aéroports, routes, métro, hôtels et même une ville “Lusail” de 250 000 habitants) qui ne seront pas toutes pleinement utiles à l’ensemble de la population, certains stades vont même être ensuite démantelés pour être déplacés dans d’autres pays.

Comment rendre la pratique du sport plus responsable et durable ?

Par les Eco-Games tel que les Jeux mondiaux de l’Environnement. 

Les valeurs fondatrices : 

  • l’éco-conception
  • la co-construction
  • la valorisation du local
  • la défense/promotion de la santé, celle de l’Homme et celle de la Planète.

L’objectif est de prôner un minimalisme absolu tant au niveau des infrastructures que de l’organisation. Le public visé doit être prioritairement local qu’il soit sportif ou non sportif et toucher toutes les tranches de la population. Cela évite la pollution liée aux déplacements, à l’hébergement des participant.es.  Il est donc très important de prendre en compte, dans sa globalité, l’impact des participants dans les évènements sportifs, que ce soit sur les déplacements, l’hébergement, mais également la restauration et les pratiques. Enfin, le choix des partenaires est essentiellement local, et le mécénat est systématiquement préféré au sponsoring traditionnel afin de limiter les risques de récupération commerciale malsaine et le greenwashing.

Le petit plus :

De plus en plus d’équipements sportifs trouvent une deuxième vie dans des friperies et braderies. On y retrouve bien souvent du textile et des équipements de seconde main à des prix très abordables. Acheter d’occasion son matériel sportif a un réel impact positif sur l’environnement mais aussi sur la société dans sa globalité, particulièrement quand on considère les conditions de travail des ouvriers s’attelant partout dans le monde à la fabrication de produits textiles ou équipements.

Il est souvent facile de trouver des vêtements de sport dans de nombreuses friperies plus classiques. Cependant, il existe des modèles de friperies solidaires et/ou dédiées aux différents équipements sportifs.

Bien souvent les magasins solidaires de type Emmaüs par exemple mettent en vente à des prix très abordables du matériel sportif. Par ailleurs, ces magasins remplissent un réel objectif social permettant l’insertion professionnelle de publics précaires. 

Par ailleurs depuis peu, les étudiantEs se mettent à leur tours à s’insérer dans ces schémas de solidarités ayant ici pour thématique principale le sport et l’équipement sportif. 

On voit émerger des friperies du sport qui sont à la fois des lieux d’échange et de socialisation mais aussi des espaces de vente respectant les principes de l’économie sociale et solidaire. La première friperie étudiante du sport a été ouverte à Clermont en octobre 2021 par le BDE STAPS Clermont et l’ANESTAPS (association nationale des étudiantEs en STAPS). La première d’une longue liste !

1. https://www.eco-business.com/news/sausages-inflate-world-cup-carbon-budget/

2. https://www.lemonde.fr/sport/article/2017/06/14/mondial-2018-des-travailleurs-seraient-exploites-sur-les-chantiers_5144150_3242.html

3. https://www.franceinter.fr/sports/decrepis-ou-abandonnes-quand-les-temples-des-jeux-olympiques-galerent-a-se-reconvertir

4. Feuille de pointage climatique pour les Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, Fondation David Suzuki

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